L'installation Éole, présentée au centre d'artistes Espace F, à Matane, en 2017.

 L’installation interactive Éole porte un regard poétique sur les mouvements et les sons engendrés par le souffle du vent. Elle tire d’abord son intérêt du fait que ce phénomène naturel n’est perceptible, de façon auditive et visuelle, que par l’action ou le bruit qu’il produit au contact d’objets ou d’éléments naturels qui se trouvent sur son passage.
Éole se découvre en deux temps. L’installation place le visiteur dans une position participative. Il est invité  à créer son propre son de vent, en activant des potentiomètres et des boutons accessibles lorsqu’il est assis à un poste d’écoute. En se déplaçant dans l’installation le visiteur constate que les bruits entendus par l’entremise des hautparleurs proviennent de dispositifs composés d’un amalgame d’objets et d’éléments naturels activés mécaniquement. C’est en réponse à des commandes préalablement établies par les visiteurs que s’activent de longues herbes, un panneau de métal, une branche frappant une vitre, une pellicule de plastique ainsi qu’une bâche noire.
Chaque dispositif cinétique est relié à un bouton du panneau de contrôle. Cinq microphones acheminent le son de chacun d’eux, en temps réel, vers les hautparleurs. Ce système de retransmission du son en temps réel fait en sorte que se chevauchent et s’entremêlent tous les bruits captés par les microphones. Les trois potentiomètres situés à côté des boutons, sur le panneau de contrôle, permettent aux visiteurs de moduler un son de « bruit blanc » généré par ordinateur.
Assis au poste d’écoute, le visiteur se trouve donc dans une position qui se rapproche de celle du bruiteur, qui agence des sons fabriqués pour en imiter d’autres. Un tel bruit blanc modulable, conçu par ordinateur, est d’ailleurs souvent utilisé à la postproduction des films pour imiter le souffle du vent. Dans l’installation, les potentiomètres servent respectivement à faire varier le volume, le pan (sortie audio gauche/droite) et la tonalité du bruit.
Au cœur de ces sons réunis dans les hautparleurs subsiste inévitablement quelque-chose d’artificiel. Le phénomène naturel du vent est du ressort d’une force qui est supérieure à celle de l’homme et il est donc fatalement impossible d’en imiter toutes les nuances. Ce projet transporte le participant vers sa propre expérience du vent, le plaçant entre le souvenir qu’il en a et l’interprétation que j’en ai fait. Tous ont déjà expérimenté ce phénomène naturel très commun, mais chacun porte en sa mémoire, en son vécu, des sensations et des souvenirs divergents associés au vent.